Textes & Documents sur la Nature

Auteur(s) : Stalloni Yves, Fouquet Daniel (coord.)
C'est vers le poète qu'on se tournera si l'on veut se faire quelque idée d'une perception humaine « innocente » de la Nature, saisie sans instrumentation, conceptuelle ou technique, à pleines mains. De ce mode primaire d'intelligence de la Nature qu...LIRE LA SUITE
Pages : 208 pages
Format : 17,5 cm x 26 cm
Poids : 0,480 kg
LIVRE
ISBN :  9782729890605
20,30€
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C'est vers le poète qu'on se tournera si l'on veut se faire quelque idée d'une perception humaine « innocente » de la Nature, saisie sans instrumentation, conceptuelle ou technique, à pleines mains. De ce mode primaire d'intelligence de la Nature que l'on veut spontané, on peut rapprocher celui de l'enfant, et surtout l'animisme des primitifs. Mais ne s'agit-il pas plutôt ici de Surnature que de Nature ? L'expérience mystique est parente de la pensée magique. La connaissance poétique, elle aussi, relie : elle dit le Sacré. A travers elle, la Nature « parle ». « Comprendre » la Nature, c'est, pour le poète, abolir toute séparation entre monde extérieur et intériorité ; mais l'imaginaire humain met-il en lumière l'unité du cosmos ou bien révèle-t-il seulement le sujet à lui-même ?
L'expérience esthétique n'est pas un questionnement, mais la preuve de la connaturalité de l'homme avec la nature. La modernité entretient volontiers la nostalgie de ce monde que nous avons perdu, mais connu dans notre enfance : une Nature imaginée, sensible au cœur plutôt que pensée.
Le discours populaire tend, dans certains contextes, à considérer comme synonymes les qualificatifs « naturel » et « normal ». Il rejoint ainsi la pensée antique qui définissait le « naturel » comme un modèle suprême émanant lui-même d'un ordre supérieur. Platon, puis Aristote, affectent à la Nature une position privilégiée à mi-chemin entre le chaos matériel et la reconstruction humaine. Cette valeur normative pourra opérer dans deux domaines qui constituent en fait deux façons de rendre à la nature l'hommage d'allégeance qu'elle mérite : la morale et l'art. La Nature, donc, fonde un ordre et une harmonie. Sur son modèle se façonnnent les manières d'être les plus « normales », donc les plus justes. Cette position s'exprime sous la forme d'une loi naturelle, qu'elle soit d'inspiration religieuse ou laïque. L'« idée de Nature », qui représente un des concepts les plus forts du Siècle des Lumières, reçoit toujours une valeur normative. Toutefois on peut s'autoriser de la nature pour contester toute contrainte, pour rabaisser les prétentions de l'homme, etc.
En se précipitant dans l'artifice de l'ordre culturel, l'homme semble, bien que gagnant sur le terrain de l'intelligence et de la liberté, avoir perdu sur celui de l'assurance et du confort. Le « congé définitif que l'instinct reçoit de l'intelligence » (Bergson, L'évolution créatrice) annonce une ère d'incertitude dont Rousseau pressentait l'avénement — et dont nous ne sommes pas près de sortir.

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